Le mook : créature hybride entre Monk et Captain Hook ?

Depuis peu, de nouveaux supports journalistiques ont fait leur apparition sur les présentoirs de nos amis libraires et kiosques, à mi-chemin entre revues et livres. On les appelle curieusement les « mooks ». Mais derrière ce nom qui fait étrangement penser à un détective souffrant de troubles obsessionnels et un célèbre capitaine manchot, que se passe-t-il vraiment ?

Le mook c’est simple, à la base on l’appelle plutôt le magazine-livre (magazine-book), « mook », étant une expression venue du Japon qui s’est vite démocratisée. Il y avait des mooks pour les fans de jeux vidéos. Il y avait XXI, pour les amateurs de grands reportages et de récits au long cours. Ou encore le mook d’Autrement, une maison d’édition qui semble avoir définitivement introduit le terme en France. Maintenant, on en compte plus d’une dizaine chez notre ami libraire, un format en plein essor.

La naissance du mook 

Le nouveau support fut lancé en réaction à l’évolution de la presse écrite traditionnelle, qui tourne le dos à une investigation plus profonde, au format long ou encore à une réflexion approfondie sur l’actualité. Le mook a été créé avant tout pour revenir à un principe essentiel : savoir prendre le temps. Les auteurs de ce nouveau format privilégient l’enquête au long cours, l’esthétisme de la maquette et l’investigation approfondie. Hybride dans la forme et original sur le fond, le mook fait appel à des écritures, à des angles et à des modes de traitement variés : portraits, récits, portfolio, carnet de bord, cartes, nouvelle…

XXI, Uzbeck et Rica, Muze et les autres réussissent à trouver des lecteurs fidèles et de plus en plus nombreux. Une récente étude de la presse magazine et quotidienne a d’ailleurs montré que le « lectorat de l’écrit apprécie une presse de bonne qualité sur les sujets qui l’intéresse ». Et qui joue ainsi son rôle premier : celui de tenir le lecteur informé de l’actualité.

Les jeunes journalistes n’échappent pas à cette nouvelle fascination du mook. Ils ont l’intuition que ce type de presse peut leur permettre de faire le métier dont ils rêvent.

Usbek & Rica : le mook connecté au futur

Les caractéristiques du Mook

On peut dire du mook que c’est une espèce rare réservée à une certaine élite littéraire. Il se définit par un physique plus imposant et plus respectable que ses parents respectifs, car il traite de l’actualité avec des reportages plus complets, de belles photos et des illustrations soignées.

Pour acquérir un mook, on peut les trouver via plusieurs canaux de distribution : Les librairies, les concept store, les lieux tendances et sur internet. Et le prix ? 15 euros en général. Pour la plupart l’argent des ventes et des abonnements constitue la seule source de financement et contribue à rémunérer les auteurs, les illustrateurs, les graphistes et les journalistes. Finalement ce prix reste en cohérence avec son public, car la plupart des mooks s’adressent à cette élite littéraire citée auparavant.

Ne vous mookez pas !

Certains Mooks se taillent aujourd’hui un beau succès, on peut parler aujourd’hui d’Art’s Vice est avant tout le mook de l’art de vivre qui présente chaque trimestre “L’art” dans tous ses états, une sélection exclusive d’artistes internationaux, les dernières tendances du marché de l’art ainsi qu’un agenda des événements majeurs dans les principales capitales européennes.

On peut également citer l’ambition totalement inédite du mook We Demain. La revue veut non seulement contribuer au décodage des bouleversements en cours, mais encore être le support des initiatives innovantes. Un autre et dernier exemple avec le mook Feuilleton qui surprend par ses couvertures originales réalisées par le graphiste/illustrateur Mike Lemanski, la encore une totale réussite.

On a lu et aimé les mooks Art’s Vice et We Demain

Vous l’aurez compris, le mook, c’est avant tout un état d’esprit en osmose avec le monde comme il va. Le mook comme ses parents, demande de l’attention de la part du lecteur. Ses pages aiment être caressées, et du fait de sont contenu plus important, il demande plus d’attention et de temps pour le connaître. Alors le mook c’est la promesse d’un futur radieux pour les amoureux de la lecture ? Possible, Influencia a lancé au mois d’Avril sa nouvelle revue papier passerelle entre le off et le on et il y a fort à parier que de nombreuses revues digitales lui emboitent le pas.

Finalement entre mook et Blook il n’y a qu’un pas, il s’agit de créer un concept avec un style de lecture moderne unissant le plaisir du papier à la dynamique du contenu enrichi.

La « fausse » couverture du mook Feuilleton illustrée par Mike Lemanski